Le Manifeste

Par le présent manifeste, nous appelons à accorder une place plus importante aux humanités, aux arts et aux sciences sociales dans les programmes de coopération euro-méditerranéens en matière d’éducation et de recherche. Nous sommes convaincus de leur contribution essentielle au développement durable de la région et au nouvel élan qu’elles peuvent donner à ses populations.

Les récentes stratégies euro-méditerranéennes pour l’éducation et la recherche, principalement basées sur des sciences appliquées, limitées à un nombre réduit de questions (eau, alimentation, énergie, environnement), ne suffisent pas pour relever les lourds défis auxquels nos sociétés sont confrontées.

Promouvoir les humanités, les arts et les sciences sociales comme un élément stratégique des programmes internationaux de coopération en matière d’éducation et de recherche permettra d’atteindre trois résultats principaux:

• Surmonter la méfiance et le malentendu croissants entre les sociétés riveraines, en encourageant le libre partage des connaissances et en faisant fructifier le capital humain unique de l’espace méditerranéen ;
• Développer des outils d’analyse permettant d’anticiper les évolutions et, si
  possible, identifier les stratégies de réponses possibles aux situations de crise à court, moyen et long terme ;
• Favoriser l’acquisition par nos jeunes de compétences transversales, qui seront indispensables pour faire face aux défis sans précédent qui les attendent.

Notre appel découle d’une vision partagée de la responsabilité des établissements d’enseignement supérieur en Méditerranée, et d’une analyse commune de l’avenir de la jeunesse méditerranéenne. Celle-ci repose sur deux convictions essentielles.

L’enseignement supérieur forme non seulement de futurs acteurs du monde du travail, mais aussi de futurs citoyens

Nous croyons fermement que la mission et la responsabilité principale des établissements d’enseignement supérieur est de développer les compétences, les connaissances et la personnalité des jeunes, car les étudiants d’aujourd’hui seront les citoyens et les travailleurs de demain. Nous sommes persuadés que nos formations, y compris dans les domaines scientifiques et technologiques, ne doivent pas se réduire à une vision étroite des attentes du marché du travail. Au contraire, nous appelons à renforcer la présence des sciences humaines, sociales et des arts dans tous les cursus, afin de développer des compétences transversales essentielles, notamment la pensée critique et la créativité, qui offriront aux jeunes la possibilité de fonder leur développement personnel sur des bases solides, et de surmonter et de dénouer toutes les formes de radicalisation et d’exclusion.

Une meilleure compréhension mutuelle est indispensable pour réduire les tensions et surmonter les conflits

Favoriser la compréhension mutuelle est indispensable pour libérer la circulation et l’échange des savoirs et faire fructifier le capital humain de la Méditerranée. Cette question est encore plus urgente pour nos jeunes, car leur avenir sera caractérisé par une plus grande mobilité. La compréhension mutuelle offerte par les établissements d’enseignement supérieur va bien au-delà de l’apprentissage des langues étrangères; elle consiste à faire découvrir aux étudiants d’autres traditions culturelles et religieuses, d’autres systèmes politiques et sociaux, ainsi que d’autres productions artistiques et intellectuelles.

La communauté des sciences humaines et sociales peut jouer un rôle important, en offrant de nouvelles bases pour construire ce dialogue. Sur les deux rives de la Méditerranée, de nombreux chercheurs et universitaires travaillent dans des départements ou des centres consacrés à la connaissance d’autres langues et d’autres cultures. Plusieurs milliers d’universitaires sont actuellement impliqués quotidiennement dans des dialogues culturels, mais la plupart du temps à une échelle limitée.

L’absence de traductions suffisantes entre les différentes langues de la zone est un autre enjeu qui a déjà été souligné, mais qui reste un défi à relever.

Il est urgent d’encourager l’étude et la recherche à une plus grande échelle sur ces questions essentielles pour l’avenir du dialogue euro-méditerranéen, en s’appuyant sur la richesse et la diversité des paradigmes en sciences humaines et sociales. Des domaines tels que les études sur la guerre et de paix, le développement social et économique, les territoires, les villes, la jeunesse, le genre, les faits religieux, le patrimoine et la culture sont dramatiquement sousétudiés dans l’espace euro-méditerranéen.

Promouvoir ces travaux contribuera à créer de nouveaux espaces de dialogue et à façonner de nouvelles façons de partager les connaissances et de construire des valeurs communes.

Nous demandons:

• Une prise en compte accrue du dialogue avec les pays du sud de la Méditerranée comme priorité dans toutes les stratégies de l’Union Européenne ;
• La construction d’un nouvel agenda pour la recherche et l’éducation dans le domaine euro-méditerranéen, qui permette aux humanités, arts et sciences sociales de jouer le rôle majeur qui est le leur ;
• La conception et la mise en oeuvre de nouveaux outils permettant la création, à plus grande échelle, de réseaux académiques de médiation culturelle, scientifique et éducative dans la zone euro-méditerranéenne ;
• Une focalisation accrue dans les prochaines stratégies de recherche, d’innovation et d’éducation mises en oeuvre par l’Union européenne, sur la région euro-méditerranéen qui fasse la place à tous les savoirs et compétences issus du domaine des humanités, des arts et des sciences sociales.

• Particulier
• Institution